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Moron. Américanisme?

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Le dimanche 3 octobre 2004, chronique « Et Caetera »

« Coup de fil de Gilles Bergevin, l'ancien bibliothécaire de l'Assemblée nationale. Pour dire que Jacques Laurin est dans les patates quand il affirme que le mot « moron » est un américanisme (page 124, Les américanismes, les Éditions de l'Homme). À preuve : dans La Princesse d'Élide, une comédie galante que Molière a créée en 1664, il y a un personnage qui s'appelle Moron. Ce Moron-là, c'est un peureux, un crétin ! »


Petite visite sur le Web pour confronter, vérifier, confirmer.

  • Oui, Molière a bien écrit cette pièce.
  • Oui. Il y a bien un personnage appelé Moron, d'ailleurs interprété par Molière
  • Oui. Moron est un fou ridicule.
  • « Le fou qui est représenté dans Molière n’est point un fou ridicule, tel que le Moron de la Princesse d’Élide, mais un homme adroit, et qui, ayant la liberté de tout dire, s’en sert avec habileté et avec finesse. »

  • Oui. On dit que le livre The Facts on File Encyclopedia of Word and Phrase Origins, donne bien moron, personnage de Molière, comme origine de son sens actuel.
  • Non. Son utilisation dans la langue anglaise n'aurait pas cette origine. Notez toutefois que le texte ci-dessous, bien qu'assez convaincant et provenant d'une source qui semble sérieuse, affirme mais ne fournit aucune référence, n'étaie aucunement ses dires.

« We received another e-mail of etymologies. We have so much fun debunking these that we simply can't resist yet another (even though this one does get it right a few times)!

Strange Words and Their Origins

The term moron entered our vocabulary when Molière, in his play La Princesse d’Elide, gave a dim-witted character the name Moron.

Uh, nope. The term arose in psychological circles and derives from Latin morus, which the Romans took from Greek moros "stupid". It dates in English from around 1900. Moliere did have a character of that name in his play, written in 1664, but the word did not enter English from there. »


Donc, pas vraiment de réponse définitive. Mais, tout au moins, si on vous reproche d'utiliser ce terme devenu populaire, vous pouvez demander à la personne sur quelles bases elle vous en fait le reproche ;-)

Pardon, vous dites ?

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Non mais. Ils en rajoutent encore les cousins ! Je pense que ils mériteraient vraiment un juste courroux. Voyez vous-mêmes.

Working Papers en Marketing
Working Papers in Marketing

Avec ce titre-là, à une lettre près, ça ne valait plus la peine de titrer en français. Bravo donc à l'Institut d'Administration des Entreprises d'Aix-en-Provence (sic... pour les majuscules).

Le capitaine a utilisé une épithète forte (« traître ») pour qualifier le choix de l'anglais comme langue de publication du carnet Padawan de François Nonnenmacher.

Une suite de billets ont surgi chez Karl Dubost, la Grande Rousse, Gilles en vrac et d'autres (facilement retraçables à partir des trois billets précédents).

Ah... la langue, la sienne propre ou la dominante, quels beaux débats nous aurons encore pour de nombreuses années ! D'ailleurs, en y réfléchissant, je devrais m'y mettre aussi. Je pourrais doubler mon lectorat rapidement. De cinq à dix. :-)

Plus sérieusement, pour des raisons pas encore très claires, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle rapide entre
« publier un carnet en français ou publier en anglais » et
« développer un logiciel pour le Macintosh ou développer pour Windows ».
Je n'ai pas encore bien analysé le tout (similitudes, différences, divergences) mais j'ai pensé que ça pourrait alimenter un peu la réflexion.

J'ai donc démarré Logiciel Avenue une entreprise de développement de logiciel en 1985. Mon associé, François Morel et moi nous étions posé la question : Mac ou PC ? Voici quelques éléments de réflexion, en vrac. À vous de voir si un quelconque parallèle existe entre cela et le choix d'une langue de publication ou si ce n'est qu'une mauvaise intuition de ma part.

Macintosh

Marché plus petit, beaucoup plus petit. Par contre, il est plus facile d'y faire entendre sa voix, de se faire remarquer ou de communiquer avec les journalistes. Le moins grand nombre de titres de logiciels par catégories permet d'y trouver une meilleure position plus facilement. Aussi, il y avait l'appel. L'appel de la culture Macintosh pèse lourd : élégance, raffinement, léger sentiment d'élitisme, sentiment de communauté beaucoup plus fort, reconnaissance des membres facilitée (pommes sur la voiture, sacs d'ordinateurs, etc.). Sur le Mac on pouvait transformer une idée en solution pratique et élégante beaucoup plus facilement.

Devions-nous choisir le village gaulois irréductible ou la toute puissance romaine : la presse prévoyait régulièrement l'anéantissement du village dans les trois années suivantes. Vingt ans plus tard on fait encore la même annonce. Attention, le village n'a pas rapetissé. Il s'est agrandi depuis. C'est la toute puissance romaine qui a comparativement beaucoup agrandi son territoire.

Autant de raisons de suivre mon cœur qui coïncidait à la raison, selon nos moyens de l'époque (1985, P.-W.*). Comme disait Guy Kawasaki, Apple Evangelist, je saignais jaune, vert, orange, rouge, violet, bleu.

Windows

Marché plus grand, quinze fois plus à l'époque. Mais un système d'exploitation (Win95 Windows 1.0) qui ne permettait pas d'exprimer totalement notre vision de ce que devrait être un bon logiciel. Bien sûr c'était quand même faisable mais à quel prix. Le pouvoir d'expression limité nous retenait. Le grand marché nous attirait. Comment s'y faire connaître ? Notre clientèle initiale naturelle était-elle plus du côté Mac ? Pensons au monde de l'édition pour lequel la réponse était évidemment oui. Comment attirer l'attention si notre produit était le 7e d'une catégorie, même s'il est le meilleur ? Comment soutenir techniquement les multiples incarnations du système d'exploitation ?

Évidemment, dans ce cas, nous ne naissions pas dans une communauté. Un choix s'imposait donc.

Devez-vous rédiger votre carnet en Mac ou en PC ?

* P.-W. époque pré-Web.

N.D.P.P. Pour un rafraîchissement sur les versions de Windows, voir Computer History - History of Microsoft Windows

Faux amis

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Avant-hier, via je ne sais plus où, j'ai visité le site d'i-Surf, un service internet haute vitesse sans fil. I-Surf offre maintenant des points d'accès à Montréal. Cet après-midi, je leur ai envoyé le courriel suivant :

Bonjour,

Hier, j'ai découvert vos services Internet haute vitesse sans fil. J'ai une question. Sur la page http://www.i-surf.ca/isurf/locationsFR.html, il semble y avoir une ambiguïté. Je crois, mais je n'en suis pas tout à fait certain, que vous utilisez le mot anglais location pour désigner les lieux et emplacements où votre service d'accès sans fil est accessible. Toutefois, étant donné que vous louez des services d'accès Internet, j'ai pensé un moment que vous aviez vraiment peut-être d'autres services de location.

Le contexte me laisse donc encore légèrement indécis : faites-vous d'autres types de location mis à part votre service d'accès Internet ?

Merci de lever ce doute,

Pierre Pilon
Québec (Québec)

Je sais. En ayant précisé Québec je vais passer pour un ignare de Québec qui ne parle pas suffisamment anglais pour avoir compris le sens anglais de location. Tant pis. Le ridicule ne tue pas toujours.

Faux amis : les faux amis désignent les mots d'étymologie et de forme semblable mais de sens partiellement ou totalement différents.

Exemple (en plus de location évidemment) : Louise is very vicious signifie qu'elle est méchante. Pas autre chose ;-) Déception, dirait alors le francophone. L'anglophone ne pourrait pas invoquer la tromperie (deception) mais nous faire par de son disappointment.

Pour les amis et ennemis des faux amis :

Convaincre ou persuader ?

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Persuader et convaincre : deux mots inévitables en pensée critique. Frères, peut-être, jumeaux, pas du tout. Bien que sémantiquement proches, ils diffèrent subtilement. Connaître la différence permet, par exemple, de qualifier l'approche utilisée dans une publicité en un seul mot. Saviez-vous que la majorité des publicités cherchent à persuader et seulement quelques-unes à convaincre ?

La différence ? L'article ci-dessous y répond. Extrait du dictionnaire des subtilités du français intitulé la Nuance :

La conviction tient plus à l'esprit, la persuasion tient plus au cœur. La conviction suppose des preuves, la persuasion n'en suppose pas toujours. Persuader se prend toujours en bonne part, convaincre se prend quelquefois en mauvaise part : Je suis convaincu de sa haine. « On persuade à quelqu'un de faire quelque chose, on le convainc de l'avoir faite ; dans ce sens convaincre ne se prend qu'en mauvaise part » (d'Alembert).

Pour conduire à l'adhésion, les deux voies indiquées ici (le coeur et l'esprit) trouvent leur répondant aujourd'hui avec cet autre couple : l'inconscient et la raison.

« Vous m'avez convaincu, mais vous ne m'avez pas persuadé », se dira facilement — tant le sujet s'attache viscéralement à ses illusions. Disons-le encore d'une autre manière : « Je vois bien à tous vos arguments que vous avez raison, il n'en demeure pas moins que mes désirs sont toujours les mêmes. » Contradiction banale que la psychanalyse (grâce à la plume d'Octave Mannoni) résume fort bien par cette formule : Je sais bien, mais quand même...

À l'inverse il est parfois possible de persuader sans avoir besoin de convaincre — c'est tout l'art de la rhétorique... Ou plus exactement, on utilise la persuasion en prétendant convaincre (geste essentiel de tout discours publicitaire).

Notre vie nous conduit sans cesse à brimbaler entre les arguments souvent inutiles de la conviction et les leurres de la persuasion.

Maintenant, avez-vous été convaincu de la pertinence de connaître cette différence ?

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