Le capitaine a utilisé une épithète forte (« traître ») pour qualifier le choix de l'anglais comme langue de publication du carnet Padawan de François Nonnenmacher.
Une suite de billets ont surgi chez Karl Dubost, la Grande Rousse, Gilles en vrac et d'autres (facilement retraçables à partir des trois billets précédents).
Ah... la langue, la sienne propre ou la dominante, quels beaux débats nous aurons encore pour de nombreuses années ! D'ailleurs, en y réfléchissant, je devrais m'y mettre aussi. Je pourrais doubler mon lectorat rapidement. De cinq à dix. :-)
Plus sérieusement, pour des raisons pas encore très claires, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle rapide entre
« publier un carnet en français ou publier en anglais » et
« développer un logiciel pour le Macintosh ou développer pour Windows ».
Je n'ai pas encore bien analysé le tout (similitudes, différences, divergences) mais j'ai pensé que ça pourrait alimenter un peu la réflexion.
J'ai donc démarré Logiciel Avenue une entreprise de développement de logiciel en 1985. Mon associé, François Morel et moi nous étions posé la question : Mac ou PC ? Voici quelques éléments de réflexion, en vrac. À vous de voir si un quelconque parallèle existe entre cela et le choix d'une langue de publication ou si ce n'est qu'une mauvaise intuition de ma part.
Macintosh
Marché plus petit, beaucoup plus petit. Par contre, il est plus facile d'y faire entendre sa voix, de se faire remarquer ou de communiquer avec les journalistes. Le moins grand nombre de titres de logiciels par catégories permet d'y trouver une meilleure position plus facilement. Aussi, il y avait l'appel. L'appel de la culture Macintosh pèse lourd : élégance, raffinement, léger sentiment d'élitisme, sentiment de communauté beaucoup plus fort, reconnaissance des membres facilitée (pommes sur la voiture, sacs d'ordinateurs, etc.). Sur le Mac on pouvait transformer une idée en solution pratique et élégante beaucoup plus facilement.
Devions-nous choisir le village gaulois irréductible ou la toute puissance romaine : la presse prévoyait régulièrement l'anéantissement du village dans les trois années suivantes. Vingt ans plus tard on fait encore la même annonce. Attention, le village n'a pas rapetissé. Il s'est agrandi depuis. C'est la toute puissance romaine qui a comparativement beaucoup agrandi son territoire.
Autant de raisons de suivre mon cœur qui coïncidait à la raison, selon nos moyens de l'époque (1985, P.-W.*). Comme disait Guy Kawasaki, Apple Evangelist, je saignais jaune, vert, orange, rouge, violet, bleu.
Windows
Marché plus grand, quinze fois plus à l'époque. Mais un système d'exploitation (Win95 Windows 1.0) qui ne permettait pas d'exprimer totalement notre vision de ce que devrait être un bon logiciel. Bien sûr c'était quand même faisable mais à quel prix. Le pouvoir d'expression limité nous retenait. Le grand marché nous attirait. Comment s'y faire connaître ? Notre clientèle initiale naturelle était-elle plus du côté Mac ? Pensons au monde de l'édition pour lequel la réponse était évidemment oui. Comment attirer l'attention si notre produit était le 7e d'une catégorie, même s'il est le meilleur ? Comment soutenir techniquement les multiples incarnations du système d'exploitation ?
Évidemment, dans ce cas, nous ne naissions pas dans une communauté. Un choix s'imposait donc.
Devez-vous rédiger votre carnet en Mac ou en PC ?
* P.-W. époque pré-Web.
N.D.P.P. Pour un rafraîchissement sur les versions de Windows, voir Computer History - History of Microsoft Windows
Il doit y avoir une erreur quelque part, parceque si je ne me souviens que partiellement de 1985 je me souviens bien que Windows 95 n'a pas dus peser grand chose dans la choix de la plateforme. Vus qu'il n'existait pas encore. A la limite DOS 3 + Windows 1.0.
Tout à fait juste. Windows 1.0 serait plus exact. Également, la confusion provient du fait que nous nous sommes reposés la question plus tard, avant de développer d'autres produits. Merci de la précision.