septembre 2003 Archives

Toute vérité n'est pas bonne à ...

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...«  toute vérité n'est pas bonne à croire »...

C'est du moins ce que fait dire au personnage de Figaro le brillant Beaumarchais que l'on disait éloquent et insolent. J'entends très bien dans ma tête cette phrase comme aurait pu la prononcer Fabrice Luchini, dans le film Beaumarchais l'insolent, avec sa voix si particulière, sa prosodie unique.

J'aime beaucoup cette citation. Je la croyais très répandue, connue de tous, souvent reprise. Google n'en recense pourtant que 58. C'est loin du célèbre « toute vérité n'est pas bonne à dire » (que vous aviez dû lire dans le titre de ce billet) rapportée 858 fois. Grande surprise (pour moi). L'une et l'autre citation proviennent du même auteur... dans la même phrase.

Maintenant, on pourrait accoler ces citations très facilement à toutes sortes de textes ou d'événements. Récemment, via Van Gelder, un de mes carnetiers préférés j'ai trouvé une illustration claire de ce double principe. N'étant jamais trop prudent ;-), voici une traduction libre de l'extrait en question :

Les membres haut placés du gouvernement américain, comme Wolfowitz, donnent un exemple qui se répercute à tous les niveaux hiérarchiques. Un fonctionnaire du Pentagone, spécialiste de la politique au Moyen Orient, me décrivait comment quelques mois après le 11 septembre il a été fustigé par un attaché politique, un de ses supérieurs, pour avoir fourni une évaluation négative d'un projet de politique adressée au secrétaire à la Défense. Le fonctionnaire, répondant à la demande, a changé son évaluation mais a quand même inclus une liste de pour et de contre. Ça n'a pas suffi. Son supérieur lui a dit « Ce n'est toujours pas acceptable. Retirez tous les éléments contre et écrivez qu'il n'y a pas de raisons pourquoi nous ne devrions pas [faire ceci]. »
(Dans le long article original du Washington Monthly, ce paragraphe précède l'intertitre « Hide the Baloney ».)

Moi qui utilise et fait la promotion active de méthodes de réflexion (six chapeaux, ou S.H.) et d'argumentation, de groupe ou individuelle, afin d'améliorer la qualité de la prise de décision, d'en garder la trace du processus même (mémoire collective), etc., etc., ça serait un véritable cauchemar que de devoir travailler avec de tels personnages. Bien sûr, en mode téteux, je pourrais affirmer que ça serait un défi professionnel extraordinaire. Non. Pas envie. Pas du tout. Même avec des gens de bonne volonté (la grande majorité), bien encadrés et utilisant au besoin des outils intellectuels vraiment facilitants, la réussite ne se présente pas toujours au rendez-vous. Alors, ici...

Persuasion et attention.

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Ce compétent professeur nous explique qu'on dit [EN] que la première étape de la persuasion c'est l'attention. Note de 100% à Médecins sans frontières de ma part. Avez-vous les compétences ?

Publicité parue dans Le Soleil du 2003.09.≈13

N.D.P.P. (2003.09.24) Ce billet est la recréation d'un billet précédemment publié... emporté par la fumée d'un Pentium. Le texte peut donc varier un peu.

« C'est la grande messe des informaticiens de Québec » dit un collègue à propos de la Journée informatique de Québec. La JIQ pour les intimes. Voyons, pas un informaticien ne laisserait un acronyme lui échapper. La JIQ est organisée par la FIQ (Fédération informatique du Québec) et se célébrera le 5 novembre cette année.

Site officiel de la JIQ 2003

En janvier, un ratoureux répondant au nom de Benoît Boivin (photo du coupable ici, à l'arrière, 3e de la gauche) a réussi à m'embrigader dans le comité de programmation de la JIQ. J'avais répondu à sa demande en disant : « Ouais. Je vais essayer une dizaine d'heures et j'aviserai après pour voir si je continue ». Maintenant, plusieurs, plusieurs dizaines d'heures plus tard, j'y suis encore. Faut croire que ce bénévolat professionnel a ses côtés agréables.

Je connais bien ce qui se trouve au programme. J'ai vu la qualité des conférenciers et l'intérêt des propos annoncés. Je pense à certaines personnes de la blogosphère qui, très certainement, trouveraient leur compte à participer à la JIQ 2003, le 5 novembre prochain. Voici donc quelques pointeurs.

L'an dernier, plus de 800 personnes ont participé à l'événement. Les excellentes conférences portent à la réflexion. La JIQ, c'est en plus imbattable pour l'entretien du réseautage. On s'amuse aussi beaucoup de revoir autant d'anciens collègues. Pour ceux et celles fraîchement arrivés dans la profession, ça fait une sortie professionnellement efficace (contenu et rencontres) à un prix imbattable. Sérieusement. Connaissez-vous un congrès professionnel, de qualité, qui coûte environ les frais d'une nuit d'hôtel et la nourriture. Typiquement, les congrès auxquels je participe coûtent environ 1250$, simplement en frais d'inscription. Enlevez 1000$ à ça et vous obtenez à peu près le prix pour la JIQ. Étudiant ? Que 60$. Si la JIQ était un vin, Phaneuf lui attribuerait facilement une grappe d'or (rapport qualité-prix exceptionnel).

Le matin, parmi les panellistes, on retrouvera Jacques Dufresne, philosophe et président de l'Encyclopédie de L'Agora, cette excellente encyclopédie Web québécoise.

Il y aura aussi mon copain Daniel Lafrenière avec une conférence intitulée « L'informaticien Web : des sciences pures aux sciences sociales ». Je crois me rappeler vous avoir déjà parlé de Daniel une fois, ou deux, ou peut-être trois.

Desjardins vient nous parler de « Desjardins Solutions en ligne : un franc succès ». Étant donné que j'en suis un utilisateur très fréquent, je suis curieux d'entendre ce qu'ils ont à raconter, d'entrevoir la vision de l'intérieur.

Jean Lanoix auteur du livre « INTERNET 2025 : L’importance d’imaginer le futur », présente les impacts possibles de cette évolution. Son livre paraîtra en fait en octobre. J'ai quand même eu l'opportunité de le lire dans le cadre de mon travail bénévolat pour la JIQ (c'était justement un des aspects positifs). Un livre très intéressant. On y trouve notamment un chapitre intitulé « Le portail des connaissances : un accès rapide à la meilleure information sur tous les sujets ». Son livre n'essaie pas de prédire l'avenir. Il imagine et décrit des scénarios possibles, réalisables et, peut-être, souhaitables. Tout à fait dans l'esprit actuel du gouvernement Charest un des chapitres s'intitule « Le gouvernement en ligne : une démocratie améliorée et des services publics plus efficaces ». Ça promet.

Tout ça, évidemment, n'était que mon avis. Ça n'engage que moi. Pour la version officielle, il y a le Site officiel de la Journée informatique du Québec, édition 2003 et une version complète du programme.

Demain je vous parlerai de deux activités dont je m'occupe : l'humoriste du midi et les sessions d'affichage. Anecdotes et opportunités à venir.

*  les gens de l'extérieur sont les bienvenus, même ceux de Montréal :-)  Je sais que beaucoup de Montréalais hésitent à se diriger vers le nord. En passant, c'est souvent moins long de venir jusqu'à Québec que de se rendre au centre-ville de Montréal... à partir de Montréal.

Perelman ? Deux degrés ? Please explain.

Vous connaissez cette théorie qui voudrait que toute personne connaisse toute autre personne de la planète via l'intermédiaire de cinq autres personnes ? (Références à la fin de ce billet).

Je connais CFD : je suis donc à 1 degré de lui. Carl, lui, a déjà rencontré la Grande Rousse : je suis donc à 2 degrés d'elle. Et je suis conséquemment à 3 degrés de toutes les personnes qu'elle connaît, dont Michel Dumais. Vous avez compris ? Selon ce principe, il semblerait que nous soyons à un maximum de 6 degrés de toute personne sur la planète : inconnus et célébrités, gentils et méchants, pauvres et riches.

Récemment donc, selon ce principe, j'ai réalisé que je n'étais qu'à quelques degrés de quelques personnes célèbres... mis à part celles déjà mentionnées dans le paragraphe précédent ;-) Évidemment, ça n'a pas beaucoup d'importance. Mais c'est quand même plus amusant et plus sérieux comme conversation de salon que de parler d'astrologie ! De plus, ça ne se veut pas snob comme le fait d'étaler les noms des gens que nous connaissons car il n'y a ici aucune prétention de les connaître. Tout à fait le contraire. On affirme même ne pas les connaître. Les voici en ordre décroissant selon le plaisir imaginé que je pourrais tirer d'une rencontre... dans le désordre...

  • Reinhold Messner : 3 degrés — via un ami londonien + frère de Messner + Messner (l'Alpiniste).
  • Andrea Bocelli : 2 degrés — via la fille d'un ami + Bocelli (chanteur).
  • Bill Gates : 2 degrés — via un directeur de Microsoft + Gates (entrepreneur).
  • Chaïm Perelman : 2 degrés — via un avocat d'origine belge (rencontré dimanche lors de l'épluchette de blé d'Inde annuelle de ma rue) + Perelman !

Enfin, on y revient. Perelman s'imposerait comme pertinent pour ce cybercarnet. Les historiens de l'argumentation s'entendent généralement pour dire que le renouveau moderne de l'argumentation découle de deux ouvrages importants, tous deux parus en 1958. The Uses of Argument de l'Anglais Stephen Toulmin et Savoir argumenter du Belge Chaïm Perelman. Alors, suis-je vraiment maintenant à deux degrés de Perelman ?

Pas aujourd'hui. Malheureusement, un retour dans le temps d'avant le 22 janvier 1984 s'imposerait pour avoir le plaisir de le rencontrer. À cette époque je développais quelques petits logiciels pour la venue des Grands Voiliers à Québec en 1984, occasion de la première Transat Québec/Saint-Malo (Le capitaine était probablement trop jeune pour y participer?) L'intérêt pour l'argumentation ne deviendrait vraiment fort que plus tard.

Ce qui me fascine à propos des six degrés de séparation c'est cette conscience encore plus vive de la proximité des uns et des autres. Aussi, réalisez que les degrés de séparation sont réversibles. L'Alpiniste Messner n'en est pas conscient mais il me connaît... enfin presque. Tant pis pour lui :-)

Et vous, avez-vous fait des découvertes amusantes de ce genre ? À combien de degrés êtes-vous de Jean Charest, de Dave Wiener ou de votre maître à penser ? Évidemment, à ce petit jeu, les professionnels de la vie publique (genre Michel Dumais ) devraient-ils être exclus du jeu ?


Pour en savoir plus.

Toile : l'Université de Columbia confirme la théorie des "six degrés"

E-mail Study Corroborates Six Degrees of Separation

On average, how many degrees apart is any one person in the world from another?

Je n'ai pas cherché à vérifier mais on ne peut faire autrement que de supposer que Six Apart, l'entreprise productrice du logiciel de gestion de carnet Web Movable Type, a choisi son nom en référence à cette théorie.

Pardon, vous dites ?

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Non mais. Ils en rajoutent encore les cousins ! Je pense que ils mériteraient vraiment un juste courroux. Voyez vous-mêmes.

Working Papers en Marketing
Working Papers in Marketing

Avec ce titre-là, à une lettre près, ça ne valait plus la peine de titrer en français. Bravo donc à l'Institut d'Administration des Entreprises d'Aix-en-Provence (sic... pour les majuscules).

Érosion de la mémoire collective... en 1980.

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Utilisation de la Documentation Internationale. Vieux document datant de 1980 au titre banal. Peu intéressant de prime abord. Toutefois, les quelques titres suivants tirés de la table des matières indiquent peut-être la pertinence d'un court détour...

  • Fragmentation et érosion de la mémoire collective
  • Nature de l'apprentissage sociétal : l'utilisateur collectif
  • Les outils non classiques de l'information
  • Les problèmes de l'utilisateur et l'apprentissage novateur
  • Nature de la mémoire collective

« C'est pas parce que je suis un vieux pommier que je donne des vieilles pommes. » (source ?). Félix Leclerc.

Jean-Marie Le Pen, parfait exemple du débatteur.

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Oui, Jean-Marie Le Pen (JMLP) constitue le parfait exemple du débatteur. Oublions la pâle copie australienne (« Explain please ») découverte hier. Revenons à l'original.

Le personnage dérange : un site pour le moins non « pro-Le Pen » nous informe à son sujet. Leur approche se distingue par son originalité : « La vocation de ce site est de recenser les propos, idées et projets de Jean-Marie Le Pen. Nous nous sommes volontairement abstenus de tout commentaire : les faits parlent d'eux-mêmes. » Les propos de JMLP dérangent tellement que sa simple présence sur un plateau de télévision fait objet de débat : Olivier Mazerolle justifie son choix et Mouloud Aounit: "cent minutes pour vomir".

N'empêche, JMLP se démarque comme un orateur exceptionnel. Même ses adversaires ou détracteurs, nombreux, l'admettent :

Sur le site de France 2, on peut voir et entendre cet orateur exceptionnel lors de son passage controversé à l'émission Cent minutes pour convaincre. La transcription complète de l'émission est également disponible. Je vous la déconseille dans un premier temps. Regardez d'abord l'émission télé. En mode texte, lorsqu'on ne s'attarde donc qu'au contenu, ça nous apparaît beaucoup moins percutant. Cet écart important entre la faiblesse de la version texte et la force des propos tenus verbalement illustre de la plus belle façon l'importance de la personnalité et du talent du tribun sur la portée du message.

Stéphan Bureau interrogeait JMLP au Point l'an dernier. Excellente entrevue. Je n'en ai malheureusement pas retrouvé la trace. Avertissement aux lecteurs québécois qui n'auraient pas déjà vu le personnage : le type de propos tenu par JMLP n'existe pratiquement pas au Québec dans l'espace public. Vous risquez au moins d'être étonnés.

Un article du magazine anglais The Spectator nous m'en apprenait l'existence. La version australienne de Jean-Marie Le Pen (JMLP) porte jupe et répond au nom de Pauline Hanson.

La langue vernaculaire australienne aurait même adopté une des expressions habituelles de cette Mme Hanson « Expliquez S.V.P. » (Please explain), expression qu'elle utiliserait chaque fois qu'un mot de plus de deux syllabes est utilisé, comme xénophobe.

Si cette anecdote est véridique, comparer Mme Hanson avec JMLP faute sur au moins un point essentiel. Bien que ces deux personnages tiennent régulièrement des propos jugés racistes (source de la comparaison), JMLP n'a certes pas besoin qu'on lui donne des cours de vocabulaire. Non seulement un virtuose du vocabulaire, il est un maître de la rhétorique... et de la démagogie. Il manie la langue comme très peu savent le faire.

Je n'en ai pas terminé avec JMLP, un cas des plus intéressants, un incontournable tant pour l'amateur que pour le professionnel de l'argumentation.